Jour 1 - Section 3.2 - Caractérisation rapide dans les champs des agriculteurs lors d'une prospection variétale - Traduction française

Jour 1- Meeting virtuel - 11h10-11h20
Caractérisation rapide dans les champs des agriculteurs lors d'une prospection variétale - par le Dr Roland Bourdeix


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Bonjour, chers participants et collègues, je vais maintenant vous parler de la caractérisation rapide des variétés au cours d’une prospection, pendant un exposé de dix minutes.

Diapositive 02 - Contexte

En premier, je présenterai le contexte de ces prospections. Ensuite je parlerai de la nécessité de photographier et de géolocaliser les cocotiers, puis des mesures à réaliser sur les fruits, les troncs et les feuilles des cocotiers. Ensuite j’évoquerai d’autres paramètres qui peuvent être mesurés. La plus grande partie de ce qui se vous sera présenté dans cet exposé n'a jamais été publié dans aucun manuel. Il s'agit d'opinions qui résultent de mes expériences personnelles au cours des nombreuses prospections que j'ai réalisées dans les pays du Pacifique où ailleurs. Ces méthodes n’ont donc pas été validée par le COGENT ni aucune autre institution.

Diapositive 03

En tant qu'expert international, j'ai été très souvent confronté à des situations où je n'avais que quelques jours pour effectuer des prospections sur un grand territoire. Dans cette situation, il y a un dilemme entre observer de nombreuses variétés et décrire précisément ces variétés. Plus nous passerons de temps à décrire une variété, moins nous aurons de temps pour évaluer la richesse du territoire en termes de variétés. On peut prendre l'exemple d'un travail récent que nous avons réalisé en Polynésie française, dans l'archipel des Tuamotu. Cet archipel comprend un peu moins de 80 îles et atolls dans le sud de l'océan Pacifique. Ils constituent la plus grande chaîne d'atolls au monde. Grâce au ministère de l'Agriculture, nous avons pu affréter un bateau pour visiter 13 atolls. Nous sommes restés un jour ou deux sur chaque atoll pour observer les variétés de noix de coco. C'était très aventureux. Certains ports sont dangereux et difficiles d'accès. Mais c'était l'enquête la plus intéressante que j'ai jamais faite.

Diapositive 04

Pour la Polynésie française, la création du poster et du catalogue a nécessité environ trois mois de prospections sur le terrain, et trois mois de travail de bureau. Cela pourrait également être réalisé dans d'autres pays.

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J’ai privilégié une approche ou seulement une à deux heures étaient consacrées à la description d’une variété. Je préférai en effet passer du temps à scruter le paysage et détecter les variétés les plus belles et les plus rares, plutôt que de décrire en détail seulement deux à trois variétés. Bien sûr, si vous êtes un chercheur travaillant sur place dans le pays, et que vous disposez de plus de temps, vous devrez décrire plus en détail ces variétés. Cependant je pense qu’il vaut mieux faire une première évaluation rapide et prospecter à fond le territoire. Ensuite vous pouvez revenir sur les variétés intéressantes pour faire des évaluations plus approfondies. En revanche, il est crucial d’étudier les aspects ethnologiques. Il faut prendre en compte les différences culturelles dans les paysages. Par exemple, lorsque j’ai prospecté à Fidji, j’ai appris qu’une île particulière dénommée Kioa, avait une population originaire de Tuvalu. J’ai insisté pour visiter cette île. Nous y avons trouvé des variétés spéciales et, en particulier, un Nain Vert originaire de Tuvalu.

Diapositive 06

A mon avis le plus important est de réaliser des photographies selon les méthodes standardisées qui ont été développés pour le catalogue variétal. Ces photographies décrivent les variétés mieux que n’importe quel chiffre. Il faut utiliser une caméra ou un téléphone qui permet la géolocalisation des cocotiers observés. Ces photographies concert l'arbre entier un régime de noix de coco l'inflorescence et les noix de coco sèche, à boire, ou en couple équatorial où longitudinal. Il existe des lignes directrices qui décrivent comment réaliser ces photographies. De préférence, il faut réaliser des photos avec des êtres humains, ce qui donne une dimension ethnologique et conviviale à la démarche. On peut dupliquer la photo de l’arbre entier, une avec personnage et l’autre sans. Normalement, il faut demander une autorisation écrite aux gens de publier leur photo. Personnellement je ne l’ai jamais fait, signer un papier fait peur aux gens. Parfois j’ai filmé les gens qui donnaient un accord verbal.

Diapositive 07

Il faut prévoir une faucille de récolte avec un manche de deux à trois mètres pour nettoyer les arbres et récolter les fruits. Si possible et si la voiture est assez grande, on peut emmener une petite échelle. Si la prospection porte sur des cocotiers de grande taille, il faut prévoir qu’un grimpeur se joigne à l’équipe. S’il pleut et que les troncs des cocotiers sont glissants, il ne lui sera pas possible de grimper. On peut aussi utiliser un drone pour photographier les régimes des cocotiers très haut.

Diapositive 08

Dans la plupart des cas, les photos de noix fraîches sont réalisées directement sur le terrain, en bas des cocotiers. On en profite pour peser ces noix fraiches entières, puis les ouvrir et retirer l’eau de coco et les peser encore. Le taux de sucre de l’eau de coco est estimé à l’aide d’un réfractomètre portable. Un degré Brix équivaut à 1 gramme de saccharose pour 100 grammes de solution. Ensuite l’eau de coco est goutée. Il faut noter si cette eau semble acide, si elle semble avoir des bulles (comme du champagne !) et si elle est agréable à boire.

Diapositive 09. Poids des composants du fruit.

La seconde priorité est d’évaluer le poids des composants des fruits. Pour les noix sèches, il est préférable de réaliser les prélèvements, d’attribuer un code et un numéro à chaque noix, et de les emballer dans un sac. Ensuite les sacs sont transportés dans un lieu approprié pour la découpe des noix. Il s’agit, par exemple, d’un atelier ou d’un garage qui disposent de l’eau et si possible de l’électricité. Il y a un modèle de scie électrique qui est bien approprié pour la découpe des noix de coco. Il s’agit d’une scie électrique « Variable Speed Reciprocating Saw », avec des lames d’au moins 30 cm de long. Si vous choisissez un modèle fonctionnant avec des batteries, il faut en prévoir au moins trois.

Diapositive 10. Photographier les noix de coco et évaluer le poids.

Dans les jardins, les noix de coco sont souvent disponibles en nombre très limité. Il y a une procédure qui permet de simultanément photographier les noix et d’évaluer le poids de leurs composants. On pèse la noix entière. Ensuite on découpe cette noix à la scie, on la pèse sans l’eau. Ensuite il faut réaliser les photos de demi-noix avec leur amande. Sur les demi-noix on peut aussi mesurer l’épaisseur de l’amande et de la coque. Ensuite on retire l’amande du fruit et on pèse le poids du fruit sans amande. Dans la plupart des cas, nous n’avons pas mesuré le poids de la coque. Cependant il est possible d’extraire la coque et de la peser. Il peut y avoir un intérêt pédagogique à garder les demi-noix sans amande pour les exposer.

Diapositive 11. Photographier dans le sol et photoshop.

Au lieu d’installer un panneau de bois avec des clous, il est possible de photographier les fruits en les posant au sol sur un tissu gris bleu, à l’ombre, et dans un endroit ou la lumière n’est pas trop directionnelle. Ensuite, Photoshop peut faire des miracles, mais pas l’impossible !. Lorsque nous avons édité le catalogue mondial du COGENT, nous avons reçu de nombreuses mauvaises photos, dont certaines étaient irrécupérables.

Diapositive 12 - Tige

En seconde priorité, il faut réaliser les mesures de stipe ou de tronc. Ces mesures concernent le diamètre du stipe à 20 cm au-dessus du sol, et à 100 ou 150 cm du sol selon les types variétaux. Il faut aussi mesurer aussi la distance entre 11 cicatrices foliaires sur le stipe, à partir d'un mètre ou d'un mètre cinquante du sol et vers le haut. Cette distance correspond à la longueur de dix entre nœuds. Il faut noter que les scientifiques ont voulu classifier les cocotiers en Nains et grands d’après la croissance de leur stipe. À la suite de cette classification, ils ont souvent privilégié la collecte soit de Nains, soit de Grands. Dans la nature, il existe un grand nombre de types intermédiaires, qui sont soit des variétés pures, soit des hybrides. Certains de ces types peuvent être intéressant à collecter. La hauteur du cocotier se mesure du sol à la base de la dernière feuille vivante.

Diapositive 13 - Feuille

En troisième priorité, il faut réaliser des mesures de feuilles. Celle-ci sont réalisées sur la feuille 14, qui est généralement horizontale et dont les noix de coco on approximativement la taille d’un poing. Comme on peut rarement couper cette feuille, ces mesures ne sont généralement réalisables que sur les arbres de petite taille. On mesure la longueur de la feuille, le nombre de folioles sur un coté de la feuille, la largeur des folioles, la largeur et l’épaisseur du pétiole. A mon avis, le paramètre le plus facile à mesurer et le plus important est la largeur des folioles. En effet ce paramètre permet de distinguer les Nains Compacts, qui se caractérisent généralement par des folioles très larges.

Diapositive 14

Les autres informations importantes sont bien sur les observations de maladies et ravageurs. S’il existe des symptômes sur les arbres, il faut tenter de les quantifier, les photographier et les noter. Sur l’inflorescence, la longueur et l’épaisseur du pédoncule est un critère important, car il concerne la solidité du soutien au régime et la facilité de récolte par coupage. Il est possible d’estimer la production des cocotiers en comptant les noix à partir de la feuille 14, la feuille horizontale et qui porte des fruits gros comme le poing. Enfin il peut être judicieux de réaliser des prélèvements de folioles ou de sciure de stipe afin de réaliser ultérieurement des analyses ADN. Cela peut éviter d’avoir à retourner sur le terrain pour faire ces prélèvements. Un protocole amélioré a été récemment discuté à ce sujet.

Diapositive 15

Chers collègues et participants, merci de votre attention pour cette brève présentation. Ces sujets seront développés plus en profondeur dans les sessions de formation au champ.

© R. Bourdeix, section DIFF-009-3.2, 2023